Tiques gorgées sur la tête d’un campagnol roussâtre, une des espèces de petits rongeurs les plus fréquentes au sein de nos agro-écosystèmes.  Photo Yann Rantier (projet OSCAR).
Structure du paysage et l’épidémiologie des maladies transmises par les tiques

Prendre en compte la structure du paysage pour mieux comprendre l’épidémiologie des maladies transmises par les tiques

Avec plusieurs centaines de milliers de cas humains par an, les maladies à tique sont les maladies vectorielles les plus importantes en Europe. Elles font intervenir une grande diversité d’espèces de vertébrés sauvages et domestiques qui sont des hôtes de nourrissage utilisés par les tiques pour leurs repas sanguins mais aussi des réservoirs d’agents infectieux transmis par ces acariens. La mosaïque d’habitats que constituent les paysages bocagers (forêts, haies, cultures, prairies…) influence la distribution dans l’espace de ces agents pathogènes. Le taux d’infection par des bactéries transmises par les tiques varie chez des petits rongeurs échantillonnés dans des sites dont les paysages présentent différentes surfaces de boisement et densités de haies. La fréquence des bactéries responsables de l’anaplasmose augmente avec la proportion d’habitats boisés, elle-même corrélée à l’abondance des mulots sylvestres qui sont des réservoirs efficaces de cet agent pathogène. Pour les bactéries responsables de la maladie de Lyme, plus l’interface entre milieux boisés et prairies est important, plus elles sont fréquentes dans les petits rongeurs. Ces résultats illustrent la nécessité de prendre en compte l’écologie des communautés et l’écologie du paysage pour mieux comprendre l’épidémiologie de ces maladies.

Contexte et enjeux :

Avec plusieurs centaines de milliers de cas humains par an, les maladies à tique sont les maladies vectorielles les plus importantes en Europe. Elles font intervenir une grande diversité d’espèces de vertébrés sauvages et domestiques qui sont des hôtes de nourrissage utilisés par les tiques pour leurs repas sanguins mais aussi des réservoirs d’agents infectieux transmis par ces acariens. A ce titre, elles constituent des exemples emblématiques pour les approches d’écologie de la santé, illustrant les liens étroits entre milieux naturels (notamment boisés) et anthropisés et leurs conséquences sur l’épidémiologie des zoonoses. Les changements globaux (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, changements d’usage des sols) les impactent particulièrement. Le projet ANR OSCAR (Outil de Simulation Cartographique à l’échelle du paysage Agricole du Risque acarologique) se situait à l’échelle des paysages agricoles pour appréhender ces enjeux majeurs en santé publique.

Résultats :

Nous avons mesuré le taux d’infection par des bactéries transmises par les tiques de petits rongeurs  échantillonnés dans des sites présentant différents types de paysages caractérisés par leur surface de boisement et leur densité de haies. La fréquence des bactéries responsables de l’anaplasmose augmente avec la proportion d’habitats boisés, elle-même corrélée à l’abondance des mulots sylvestres qui sont des réservoirs efficaces de cet agent pathogène. Pour les bactéries responsables de la maladie de Lyme, plus l’interface entre milieux boisés et prairie est important, plus elles sont fréquentes dans les petits rongeurs. En revanche, la prise en compte de la connectivité des milieux boisés n’améliore pas les modèles statistiques expliquant la variabilité spatiale de la fréquence de ces agents pathogènes chez les petits rongeurs.

Ces résultats illustrent la nécessité de prendre en compte l’écologie des communautés et l’écologie du paysage pour mieux comprendre l’épidémiologie de ces maladies.

Perspectives :

Combinées à un simulateur permettant de générer des paysages avec différentes proportions des différents milieux (boisement, prairies, cultures, haies, constructions), ces études permettront d’explorer les conséquences des modifications du paysage sur le risque acarologique. Par ailleurs, nous avons pour objectif de prendre en compte explicitement les mouvements des hôtes, notamment les chevreuils, au sein de la mosaïque d’habitats que constituent ces paysages, afin de mieux comprendre comment ils contribuent à la dispersion des tiques à cette échelle.

Valorisation :

2 articles ont été publiés sur le thème « paysage et maladies à tiques » en 2020 (mentionnés infra) mais aussi en 1 2018 et 3 en 2017)

Plusieurs articles de vulgarisations scientifiques et conférences grands publics en lien avec le projet OSCAR

Références bibliographiques :

Perez, G., Bastian, S., Chastagner, A., Agoulon, A., Rantier, Y., Vourc’h, G., Plantard, O., and Butet, A. 2020. Relationships between landscape structure and the prevalence of two tick-borne infectious agents, Anaplasma phagocytophilum and Borrelia burgdorferi sensu lato, in small mammal communities. Landscape Ecology:718403. https://doi.org/10.1007/s10980-019-00957-x

Lebert I., Agoulon A., Bastian S., Butet A., Cargnelutti B., Cèbe N., Chastagner A., Léger E., Lourtet B., Masseglia S., McCoy K. D., Merlet J., Noël V., Perez G., Picot D., Pion A., Poux V., Rames J.-L., Rantier Y., Verheyden H., Vourc'h G., Plantard O. 2020. Distribution of ticks, tick-borne pathogens and the associated local environmental factors including small mammals and livestock, in two French agricultural sites: the OSCAR database. Biodiversity Data Journal, 8:e50123 doi: 10.3897/BDJ.8.e50123

 

 

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Tiques gorgées sur la tête d’un campagnol roussâtre, une des espèces de petits rongeurs les plus fréquentes au sein de nos agro-écosystèmes.  Photo Yann Rantier (projet OSCAR).