AEROFISH

AEROFISH

Étude de l’infection a Aeromonas spp. en élevage de poissons d’étang et en salmoniculture en Pays de la Loire.

La région Pays de la Loire est la quatrième région productrice de poissons d’étang avec une surface exploitable comprise entre 1700 et 6000 hectares. Différentes espèces de poissons sont produites, la principale étant la carpe, avec une production majoritairement destinée au repeuplement et aux parcours de pêche. Par ailleurs, des démarches de diversification de la production vers l’alimentation humaine, principalement sur la carpe, sont en cours.

La pisciculture, comme les autres productions animales, fait face à la présence d’agents infectieux et doit maîtriser au mieux les maladies associées qui impactent la production. Dans ce contexte, il est important d’apporter des connaissances sur des bactéries appartenant au genre Aeromonas. En effet, le genre Aeromonas est composé de plusieurs espèces bactériennes ayant colonisé les écosystèmes aquatiques, certaines se révélant être opportunistes ou pathogènes. Ainsi, la furonculose est une maladie bactérienne de répartition mondiale due à Aeromonas salmonicida sub salmonicida. Elle est responsable de lourdes pertes économiques dans les élevages piscicoles/salmonicoles par septicémie hémorragique (forme aiguë) ou par dépréciation du poisson en raison du développement de furoncles dans les muscles (forme chronique). L’erythrodermatite chez la carpe, également due à des bactéries du genre Aeromonas, entraîne des signes cliniques et des conséquences similaires.

Le 1er objectif d'AEROFISH était de mieux appréhender la présence de la bactérie du genre Aeromonas et potentiellement des circonstances d’apparition en élevage. Pour cela des entretiens ont eu lieu chez les pisciculteurs avec centre d’alottement pour recueillir leur perception sur la présence ou non de ce genre bactérien. Ainsi, un questionnaire a été élaboré puis soumis aux exploitants d’étangs lors de visites d’exploitations. Celui-ci couvrait les domaines portant sur la structuration du site, des surfaces et volumes impliqués, des pratiques zootechniques et de gestion de la biosécurité, des épisodes sanitaires postérieurs, de l’impact perçu d’Aeromonas et des facteurs semblants favoriser les épisodes cliniques. L’analyse du questionnaire montre que la filière piscicole d’étang des Pays de la Loire se caractérise par une hétérogénéité des structure et pratiques d’élevage. Des points communs existent : conduite des lots en étangs (empoissonnement en fin d’hiver, pêche en fin d’automne), faible niveau d’intensification, espèces présentes (90% de cyprinidés, 10% de carnassiers) et un haut niveau de prédation. Mais sur d’autres points, la variabilité est forte, compliquant les comparaisons entre exploitations : activités complémentaires différentes (négoce de truite, poissons d’ornement, parcours de pêche sur site), gestion de la biosécurité en centre d’alottement (mélange d’espèces différentes, nettoyage et désinfection). Les facteurs favorisants une maladie à Aeromonas évoqués par les éleveurs sont, par ordre décroissant d’occurrence : un stockage prolongé, une température élevée, un contact avec des poissons d’ornement ou des truites de négoce et un stress de manipulation.

Lors de ces visites, des prélèvements ont été effectués dans des lots d’animaux, de façon ciblée dans le cas de lésions apparentes. Des autopsies ont été réalisées sur ces animaux ainsi que des prélèvements microbiologiques de mucus, de branchies, de rate et de tube digestif. Un protocole d’identification des bactéries du genre Aeromonas a été développé en se basant sur une recherche bibliographique portant sur les caractéristiques phénotypiques et moléculaires du genre. Ce protocole a été testé sur 29 souches de références (genre Aeromonas et autres genres utilisés comme témoins négatifs) pour validation, puis utilisé sur les isolats de terrain obtenus après autopsies. Sur les 141 isolats de terrain testés, huit ont été identifiés non « Aeromonas » et un isolat reste douteux. Certains isolats ont fait l’objet d’investigations supplémentaires (VITEK®2 et/ou MALDI-TOF) afin d’estimer l’apport de ces deux techniques.

Il n’a pas été possible d’aller plus finement dans l’identification bactérienne soit au niveau de l’espèce ou de la sous-espèce en raison de la complexité du genre et de l’absence de méthodologie efficace. L’analyse a donc été réfléchit au genre bactérien Aeromonas. L’identification du genre Aeromonas a ainsi donné pour résultat un portage moyen de l’ordre de 65% d’Aeromonas spp. sur les poissons prélevés. Ce portage est variable de 45,2% à 86,7% selon les sites d’élevage et de 47,8% à 90% selon les espèces de poissons.

L’antibiorésistance a été étudiée sur certains isolats par détermination des concentrations minimales inhibitrices vis-à-vis de six antibiotiques. Les résultats montrent une grande diversité au niveau sensibilité/résistance selon les isolats étudiés.

Le 2ème objectif de notre étude était d’évaluer une méthode dite alternative de contrôle de cette infection via l’alimentation. Pour cela, l’efficacité d’un additif alimentaire à base d’huiles essentielles sur le développement des poissons a été évaluée en étudiant les performances zootechniques, l’immunocompétence et la résistance des poissons nourris avec cet additif. Les premiers travaux réalisés en condition expérimentale n’ont pas permis de mettre en évidence de différence significative sur l’expression clinique de la furonculose (mortalité et morbidité) entre des lots de truites arc-en-ciel nourries ou non avec l’additif. Les analyses sont en cours pour évaluer l’impact de l’alimentation avec ou sans additifs sur la réponse immunitaire chez la truite, au niveau performances zootechniques chez la truite et la carpe.

Ce projet a permis de faire un état des lieux du risque en lien avec Aeromonas en région Pays de la Loire dans la filière étang (perception de présence de l’agent, de la mortalité associée, confirmation du portage).   

Contact:Ségolène Calvez