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Contexte et enjeux

Les maladies vectorielles constituent un enjeu majeur en santé animale et humaine. Du fait des changements globaux, les variations saisonnières de l’abondance des vecteurs et les risques associés évoluent. C’est particulièrement vrai pour la tique de l’espèce Ixodes ricinus, qui transmet la borréliose de Lyme et l’encéphalite à tiques en Europe. Afin de prédire l’évolution de la phénologie de cette espèce, il est dans un premier temps nécessaire de déterminer comment les climats actuels influent sur les variations saisonnières d’abondance. Ceci nous donne des indications sur l’évolution future du risque lié aux tiques en fonction des conditions climatiques des différentes saisons.

Résultats

Dans le cadre d’un projet sur l’effet du changement climatique sur la dynamique de population d’I. ricinus (Climatick, MP ACCAF), des collectes mensuelles de tiques ont été réalisées pendant sept ans sur six sites de France continentale différant suivant leur caractéristique climatique. Nous avons ajusté des équations harmoniques sur les données log-transformées d’abondance des nymphes de cette espèce. Les données ont été groupées sur l’ensemble des années de façon à pouvoir considérer un profil d’évolution type annuel pour chaque site. La qualité du modèle a été évaluée et les ajustements se sont révélés satisfaisants.

Fig. 1. fluctuations saisonnière de l’abondance de nimphes chez Ixodes ricinus (tirée de Hoch et al., 2023)

Les résultats de ces analyses montrent des profils différents suivant le climat du site considéré. Les pics printaniers sont plus précoces pour les sites situés en zone tempérée occidentale par rapport aux sites plus continentaux échantillonnés. Pour le site situé en zone de montagne, le pic d’abondance maximal est décalé en période estivale. Des différences en période hivernale sont également mises en évidence entre sites, puisque seuls les sites tempérés occidentaux montrent une activité des tiques non négligeable en cette période. Ces différences de phénologie peuvent s’expliquer par les températures mesurées en chacun des sites. En effet, le cumul des températures permet d’expliquer la variabilité des dates de pic pour les sites ayant un pic printanier. De plus, l’activité des tiques en hiver est fortement corrélée aux températures moyennes du mois de janvier.

Perspectives

En poursuivant le suivi longitudinal sur une plus longue période, il va devenir possible d'analyser les écarts interannuels par rapport à ces profils types en lien avec les particularités météorologiques de chaque année, et en déduire l'évolution de ces profils dans le futur. Nous présentons déjà des pics d'activité printanière de plus en plus précoces et des activités hivernales plus conséquentes avec le réchauffement climatique.

Valorisation

Ce travail a été recommandé par PCI Ecology. Il est déposé sur biorXiv :

Hoch T., Madouasse A., Jacquot M., Wongnak P., Beugnet F., Bournez L., Cosson J.-F., Huard F., Moutailler S., Plantard O., Poux V., René-Martellet M., Vayssier-Taussat M., Verheyden H., Vourc’h G., Chalvet-Monfray K., Agoulon A. 2023. Seasonality of host-seeking Ixodes ricinus nymph abundance in relation to climate. bioRxiv:2022.2007.2025.501416. DOI: https://doi.org/10.1101/2022.07.25.501416.