Présence de la bactérie intracellulaire Wolbachia dans la tique Ixodes ricinus

La présence de la bactérie intracellulaire Wolbachia dans la tique Ixodes ricinus est en fait due à la présence cryptique d’un hyménoptère endoparasitoïde

Plusieurs publications ont rapporté la présence de la bactérie intracellulaire Wolbachia – connue pour être un symbiote obligatoire chez certains nématodes ou une manipulatrice de la reproduction chez certains insectes - chez certaines tiques. Nos investigations ont permis de montrer que la présence de Wolbachia dans la tique Ixodes ricinus est en fait due à la présence cryptique d’un hyménoptère endoparasitoïde qui se développe à l’intérieur de l’acarien.

Contexte/enjeux/ problématique nationales et/ou internationales

L’identification des micro-organismes portés par les tiques constitue un enjeu essentiel en santé humaine ou animale. Outre leur rôle de vecteur de pathogènes, les tiques hébergent aussi des bactéries symbiotiques. Cependant, les conséquences de la présence de ces bactéries sur la biologie des tiques (impact sur la fitness des tiques, leur compétence vectorielle, leur mode de reproduction…) ne sont pas connues.

 

Résultats

Nos investigations ont permis de montrer que l’endoparasitoïde Ixodiphagus hookeri (Hymenoptera, Chalcidoidea, Encyrtidae), est infecté à presque 100% par W. pipientis. Nous avons développé des amorces PCRs spécifiques pour l’hyménoptère et pour W. pipentis  qui ont permis de montrer que toutes les nymphes de tiques parasitées par I. hookeri portaient aussi Wolbachia, alors que que les tiques non-parasitées par l’insecte étaient indemnes de Wolbachia. Nous avons aussi démontré expérimentalement que les nymphes obtenues à partir de larves exposées à I. hookeri pendant leur gorgement sur un hôte vertébré portaient aussi Wolbachia. Nous suggérons que la présence de W. pipientis dans des tiques, déjà rapportée dans différentes publications, était en fait due à la présence cryptique de l’hyménoptère endoparasitoïde I. hookeri. Cette association était restée insoupçonnée jusqu’à présent parce que les parasitoïdes ne peuvent pas être détectés avant que les nymphes de tiques ne se gorgent de sang, levant ainsi la diapause des œufs de l’hyménoptère. 

 

Perspectives/impact à terme

 

D’un point de vue pratique, la détection de la présence du parasitoïde dans une tique s’est avérée finalement plus sensible par la recherche de Wolbachia que celle de l’hyménoptère lui-même. Cet outil peut donc s’avérer utile pour estimer les taux de parasitisme au sein des populations naturelles de tiques (et qui atteignent fréquemment 20% et sont à l’origine de projet de lutte biologique contre les tiques via ce parasitoïde spécifique).

Cette étude montre l'importance des approches expérimentales pour identifier l'origine et la fonction de certaines bactéries dans un échantillon donné et souligne le danger d’extrapolations abusives qui peuvent découler de certaines approches descriptives (comme celles relevant de la métagénomique).

 

Partenaires

Ce travail est le fruit d’une collaboration avec un laboratoire du département EFPA (l’UR CEFS à Toulouse) et de collègues de l’ONCFS (Chizé) ayant notamment permis de collecter un grand nombre de tiques sur chevreuils dans des secteurs à forte densité de cet acarien (zone favorable aussi au parasitisme par I. hookeri).

 

Valorisation

Plantard, O., A. Bouju-Albert, M. A. Malard, A. Hermouet, G. Capron, and H. Verheyden. 2012. Detection of Wolbachia in the Tick Ixodes ricinus is Due to the Presence of the Hymenoptera Endoparasitoid Ixodiphagus hookeri. Plos One 7: 8.