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Innovation dans l'identification non-IPI pour bovins

Certification non-IPI pour bovins: les critères épidémiologiques ont des performances équivalentes aux tests individuels conventionnels.

Les animaux infectés de manière persistante et immunotolérants (IPI) jouent un rôle central dans la transmission de l'infection par le virus de la BVD au sein et entre les troupeaux de bovins. Ainsi, la promotion de la certification des animaux en tant que non-IPI apparaît une approche pertinente pour maîtriser la propagation de l’infection en sécurisant les échanges commerciaux. Nous avons évalué la fiabilité de critères de certification non-IPI sur la base de données collectées dans des troupeaux bretons, avec une attention particulière portée aux critères épidémiologiques reposant sur le suivi sérologique du lait de mélange du troupeau. Vingt trois critères ont été définis en combinant les caractéristiques techniques des tests et certaines caractéristiques pathogéniques de l'infection. Dans l'ensemble, les taux d'animaux certifiés à tort non-IPI sont faibles (en moyenne 1,3 erreur pour 10 000 animaux certifiés). Les critères épidémiologiques et ceux basés sur des analyses sur l’animal ont des performances équivalentes. Ainsi, sans analyses individuelles, les génisses dès la naissance peuvent être certifiées, à condition que leur troupeau d’appartenance soit indemne de BVD depuis plus de 2,5 ans. La simplicité de mise en œuvre de cette approche et l'excellente performance des critères épidémiologiques ouvrent des perspectives de déploiement intéressantes pour sécuriser le commerce des animaux entre pays membres de l’UE.

Contexte et enjeux

Depuis les années 1990, en raison du caractère enzootique de l’infection par le virus de la diarrhée virale bovine (BVDV) et des pertes économiques associées, des programmes de maîtrise reposant sur la détection et l’élimination des animaux infectés de façon persistante et immunotolérants (IPI) ont été mis en place dans de nombreux pays. Les IPI jouent en effet un rôle central dans la transmission du BVDV. Etant immunotolérants, ils répliquent le BVDV et l’excrètent à des titres élevés, tout en restant majoritairement négatifs aux tests de détection des anticorps dirigés contre le BVDV. Les IPI constituent la principale source d'infection pour les animaux sensibles. Les bovins sont donc soit IPI, soit non-PI pendant toute leur vie. Dans ce contexte, la certification des animaux en tant que non-IPI semble une approche particulièrement intéressante pour limiter la propagation du BVDV par le biais des échanges commerciaux. Son principe est que chaque animal ayant un statut favorable (non IPI), évalué sur la base des informations disponibles dans le cadre des plans, est inclus dans une base de données dédiée ‘certifié non IPI’. Cette base de données étant consultable par l'éleveur acheteur, celui-ci est informé du statut des animaux susceptibles d'être introduits dans son troupeau.

L’objectif de l’étude était d'évaluer, à partir de données collectées à grande échelle dans le cadre du programme de maîtrise mise en œuvre depuis 2003 dans les troupeaux laitiers de Bretagne, la fiabilité de 23 critères actuellement utilisés pour certifier les animaux comme non-IPI. Une attention particulière a été portée aux critères épidémiologiques indirects reposant sur le suivi des réponses sérologiques dans le lait de tank alors que l’animal à certifier n’y contribue pas.

Résultats

Les taux d'animaux certifiés à tort étaient faibles (1,3 erreur pour 10 000 animaux certifiés en moyenne, Q1 = 0 ; Q3 = 5.9). Les critères directs et épidémiologiques indirects avaient des performances équivalentes (avec des sensibilité et spécificité (estimées après correction pour le contexte d’utilisation) supérieures à 0,990 et 0,999 respectivement. Les génisses dès la naissance, et même les fœtus dans le dernier tiers de la gestation, pouvaient être certifiés, à condition que leur troupeau d’appartenance soit considéré comme indemne de BVDV depuis plus de 2,5 ans (sur la base des réponses sérologiques périodiques du lait de tank).

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Fig.1. Attestation sanitaire d’un bovin non IPI

Perspectives

L’utilisation de critères épidémiologiques pour certifier les animaux en tant que non-IPI devrait à l’avenir être systématisée, car ces critères allient fiabilité (avec des performances au moins équivalentes à celles d’un test individuel conventionnel de type PCR considéré comme Gold Standard pour la détection du BVDV), et moindre coût. De plus, il est possible de certifier de façon fiable, sur la base de ces critères, les génisses de la naissance au premier vêlage, et même les fœtus au cours du troisième trimestre de gestation, avec un risque d’erreur très faible. Ainsi, les éleveurs désireux de vendre des génisses de reproduction à l'âge de 2 semaines pourraient bénéficier de cette information très précoce, qui les dispense du processus coûteux et chronophage de la réalisation de nouveaux tests.

Enfin, l’approche mise en œuvre ici offre un cadre générique qui pourrait être déployé dans d'autres régions françaises et d'autres pays, dans le but de sécuriser les échanges commerciaux de bovins entre pays membres de l’UE.

Valorisation

1 publication scientifique

Lettre d’information à destination des éleveurs

Références bibliographiques

Doi.org/10.1016/j.vetmic.2023.109893

Beaudeau F., Vermesse R., Maurin L., Madouasse  A., Joly A. 2023. Assessing the reliability of innovative criteria to certify that cattle are non-Persistently Infected (non-PI) with the Bovine Viral Diarrhoea Virus (BVDV). Vet Microbiol.