3R 2020

Les participations de BIOEPAR aux 3R

Les Rencontres autour des Recherches sur les Ruminants sont un congrès co-organisé par Inrae et Institut de l’Élevage et mêlent présentation de résultats scientifiques et techniques, thèmes d’actualité, rencontres entre la recherche et le terrain. La 25ème édition des 3R prévue les 2 et 3 décembre prochains sera entièrement numérique.

Retrouvez des membres de BIOEPAR pour deux conférences dans lors de la 25ème édition du congrès 3R, les 2 et 3 décembre prochain.  

Session Élevage de précision et numérique, mercredi 2 décembre de 9h à 12h30

Pourquoi et comment repenser les pratiques d’allotement des broutards en vue de l’engraissement ?, Thibault Morel Journel

Résumé: En vue de leur engraissement, les broutards sont transportés après leur sevrage vers des centres de tri et regroupés en lots de poids vifs similaires. Cette pratique vise à faciliter la conduite alimentaire des jeunes bovins et permettrait d’améliorer et d’homogénéiser leurs performances de croissance. Elle conduit toutefois à d’autres pratiques affectant le bien-être, la santé et la performance des broutards. Dans cette étude nous avons cherché à identifier ces pratiques et à quantifier leur impact sur les performances de croissance des jeunes bovins à l’engrais. L’impact des caractéristiques de lots de broutards sur leur performance de croissance en terme de gain moyen quotidien (GMQ) et de durée d’engraissement a été évalué sur un jeu de données de 15 735 broutards charolais appartenant à 740 lots différents mis en place en 2014 et 2015 par le groupement Ter’Elevage. La distance de transport était associée négativement au GMQ (-11 g/j pour 120 km supplémentaires parcourus), tandis que l’homogénéité de poids n’avait aucun effet. De plus, le poids moyen du lot et la proportion d’animaux vaccinés contre les maladies respiratoires avant dans le lot étaient positivement associées au GMQ. Dans la présente étude, la distance de transport des bovins a été identifiée comme impactant fortement les performances de croissance et est un facteur sur lequel la filière peut agir, c’est pourquoi nous avons développé algorithme d’optimisation des distances de transport. Cet algorithme vise à minimiser les distances de transport des broutards sans modifier leur lot, origine ou destination, mais en sélectionnant le centre de tri par lequel ils transitent. Nous avons testé l’efficacité de cet algorithme avec un jeu de données de 129 756 broutards mis en place dans 9 383 lots par Ter’Elevage dans 13 centres de tri distincts entre 2010 et 2018. Les résultats montrent une diminution des distances de transport de 29 km par bovin en moyenne, et de 84 km par bovin pour les trajets de plus de 300km. De plus, la répartition des broutards entre les centres de tri recommandés par l’algorithme diffère sensiblement de la répartition réelle, révélant ainsi l'utilité relative de chaque centre de tri pour réduire les distances de transport. Cette étude montre qu’il serait donc possible pour la filière jeunes bovins français de repenser les critères de constitution des lots notamment à l’aide d’outils d’aide à la décision tel que l’algorithme développé dans cette étude pour améliorer le bien-être, la santé et les performances des animaux.

Session Santé, mercredi 2 décembre 17h30 - 19h10

Parasitisme et performances zootechniques des veaux laitiers conduits avec des vaches nourrices en Agriculture Biologique, Constancis Caroline

Résumé: La conduite des veaux laitiers sous nourrice développée sur le terrain notamment en Agriculture Biologique est de plus en plus répandue en France. Toutefois, elle reste peu documentée. Cette conduite étant associée à une phase d’adoption par la nourrice précédée ou non d’une phase d’allaitement artificiel, les veaux sont exposés à une profonde modification de conduite sur la période néonatale pouvant avoir des conséquences sur l’épidémiologie des diarrhées notamment la cryptosporidiose. Les jeunes génisses pâturent ensuite avec les vaches nourrices pendant plusieurs mois et sont ainsi mises en contact précocement et durablement avec les strongles gastro-intestinaux (SGI). Selon les éleveurs, cette conduite s’accompagnerait d’une meilleure croissance que la conduite standard. Les objectifs de cette étude étaient donc d’évaluer les performances zootechniques ainsi que les risques parasitaires liés aux diarrhées néonatales et aux SGI chez les veaux élevés sous nourrice. Un suivi a été effectué dans 20 élevages réalisant cette pratique en 2019. Dix-neuf élevages étaient situés dans le Nord-Ouest de la France (Bretagne, Normandie, Pays de Loire) et la ferme expérimentale de Mirecourt dans le Grand-Est. Entre janvier et septembre 2019, les éleveurs ont réalisé un prélèvement de fèces sur tous les veaux de l’élevage à un âge variant de 3 à 21 jours. Au total, 611 prélèvements ont été analysés. Après réalisation d’un frottis de fèces puis coloration, l’excrétion d’ookystes de Cryptosporidium sp. a été appréciée de manière semi-quantitative (score de 0 à 4 selon le nombre moyen d’ookystes vus sur 20 champs microscopiques). En moyenne 40,2% des veaux excrétaient des oocystes de Cryptosporidium avec un score moyen de 0,6 (25.5% avec le score 1, 9.5% avec le score 2, 2.6% avec le score 3 et 2.6% avec le score 4). Des facteurs de risque ont été mis en évidence concernant la période de vêlage (milieu ou fin de saison de vêlage vs début de saison de vêlage, naissance entre janvier et juillet vs naissance en août - septembre), la conduite du veau (veau avec sa mère en bâtiment vs en bâtiment, passage par une phase d’allaitement artificiel vs veau avec sa mère uniquement) et le contact avec d’autres veaux (dont la présence d’un veau excréteur parmi les veaux adoptés). Concernant le parasitisme par les SGI et l’évolution des poids au pâturage, le suivi a été réalisé sur 416 génisses. Des prélèvements de sang et de matières fécales ont été réalisés à 4 reprises : lors de la mise à l’herbe, en juin/juillet, en septembre et à la rentrée en bâtiment. En moyenne, les génisses excrétaient 123 œufs de SGI par grammes de fèces (opg). Le niveau moyen de pepsinogène sérique, marqueur de lésion de la caillette causée par Ostertagia, était de 1282 milli unité tyrosine (mUTyr). Des sérologies ELISA Ostertagia indiquant le contact avec les SGI ont été réalisés (Densité Optique moyenne = 0,46). L’ensemble de ces indicateurs parasitaires montre une faible exposition parasitaire malgré une durée de pâturage longue (188 jours en moyenne) et un recyclage estimé des larves infestantes jusqu’à la 4e génération larvaire (logiciel de simulation Parasit’Sim). Ces résultats suggèrent un effet protecteur du pâturage conjoint des vaches nourrices avec les génisses vis-à-vis des SGI. Concernant les évolutions de poids, les génisses avaient une croissance élevée (en moyenne 783 grammes par jour) durant cette première saison de pâturage. Globalement, la conduite de veaux laitiers sous vache nourrice semble avoir un effet bénéfique sur la santé et la croissance des génisses durant toute leur première année de vie.

Programme complet et modalités d'inscriptions sur le site du congrès: http://journees3r.fr/

Date de modification : 05 novembre 2020 | Date de création : 05 novembre 2020 | Rédaction : AC