Les contributions de BIOEPAR à la visioconférence de l'IAHA

L'Alliance de l'élevage IFOAM (IAHA), en collaboration avec l'Institut de recherche de l'agriculture biologique (FiBL), a organisé une vidéoconférence très suivie les 21 et 22 septembre 2020. L'importance d'une "approche sanitaire unique" dans les systèmes d'élevage biologique a été soulignée.

Caroline Constancis, doctorante à BIOEPAR, a présenté les résultats de sa thèse lors de deux interventions: 

• Performance et état de santé des veaux laitiers élevés avec des vaches nourrices, une étude de 2 ans impliquant 3 cohortes

Abstract: La transition agro-écologique est basée sur des processus d'innovation "ascendants" développés par les acteurs agricoles. Le rôle des chercheurs est désormais d'accompagner ce processus en travaillant en étroite collaboration avec eux. Depuis les années 90, des groupes de producteurs laitiers ont été mis en place dans de nombreux pays développés pour échanger des informations sur la gestion intensive des pâturages. Au sein de ces groupes, les éleveurs laitiers biologiques ont expérimenté de nouvelles pratiques d'élevage vache-veau, dans lesquelles un lot spécifique de vaches laitières est constitué afin de nourrir et d'élever 2 à 4 veaux chacun (généralement des génisses de remplacement) pendant plusieurs mois au pâturage. L'objectif de notre étude était d'évaluer les effets de ce système d'élevage innovant sur la croissance et la santé des veaux, en mettant l'accent sur le risque de parasitisme du pâturage (nématodes gastro-intestinaux). Dans une ferme biologique expérimentale située dans l'Est de la France, nous avons conçu un système d'élevage vache-veau en collaboration avec des agriculteurs expérimentés dans cette pratique. Une étude de 2 ans sur 3 cohortes de 9, 16 et 23 veaux a été menée de 2016 à 2019. Nous avons pesé, enregistré tous les événements sanitaires et mesuré différents indicateurs parasitaires à des moments clés de la saison de pâturage. Les veaux ont montré une croissance rapide et régulière pendant les 2 années de suivi, permettant un vêlage à 24 mois. Les risques parasitaires étaient faibles, les vaches nourrices jouant un rôle protecteur contre l'infection. En outre, une immunité précoce contre les nématodes gastro-intestinaux a été développée chez les veaux. Tout au long de l'étude, les veaux n'ont reçu aucun traitement antibiotique ou antiparasitaire. Un seul veau est mort à cause du tympanisme ruminal. L'élevage des veaux avec des vaches nourrices semble présenter un réel intérêt pour leur croissance et leur santé, et en particulier pour la gestion des risques parasitaires. Des études complémentaires dans d'autres exploitations sont nécessaires pour valider ces résultats.

• Facteurs de risque d'excrétion des oocystes de Cryptosporidium chez les veaux laitiers élevés avec des vaches nourrices dans des fermes biologiques.

Abstract: De nouvelles pratiques d'élevage de veaux laitiers allaités avec des vaches nourrices ont été récemment adoptées par les agriculteurs mais restent mal documentées quant à leur impact sur la santé des veaux, notamment pour la cryptosporidiose. L'objectif de l'étude était d'évaluer l'excrétion fécale des oocystes de Cryptosporidium spp. par les veaux et d'identifier les facteurs de risque particuliers d'excrétion liés à ces pratiques. Entre janvier et mai 2019, les pratiques d'élevage des veaux avec des vaches nourrices ont été décrites dans 18 exploitations et 401 veaux ont été échantillonnés entre 3 et 21 jours pour quantifier l'excrétion fécale d'oocystes de Cryptosporidium spp. (score de 0 à 4). Le risque d'excrétion (score 0 contre 1 à 4) a été analysé à l'aide de modèles de régression logistique multivariée. L'élevage a généralement consisté en une première phase avec la mère, suivie d'une phase optionnelle d'alimentation au lait artificiel, et enfin d'une phase d'adoption par une vache nourrice. En moyenne, chaque infirmière a élevé un groupe de 3 veaux d'âge proche avec un âge d'adoption médian de 4 jours. La prévalence de l'excrétion d'oocystes était de 41,9 % et le score était faible (moyenne = 0,7). Le risque d'excrétion augmentait lorsque le veau naissait à la fin de la saison de vêlage (rapport de cotes = 6,19 ; intervalle de confiance à 95 % = [3,16 ; 12,14]) ou lorsque le veau était dans l'étable pendant la première phase (4,09 [1,58 ; 10,61]). Le risque d'excrétion était également plus élevé pour un veau adopté avant l'âge de 4 jours (2,85 [1,10 ; 7,39]) ou pour un veau adopté avec un autre veau excrétant des oocystes (3,43 [1,37 ; 8,58]). La fin de la saison de vêlage et l'élevage en intérieur pour la première phase avec la mère ont été confirmés comme des facteurs de risque connus dans les élevages bovins. L'adoption précoce et la présence d'un veau infecté dans le groupe d'adoption ont été de nouveaux facteurs de risque liés à ces pratiques d'élevage.

Prochain meeting IAHA à Rennes 2021

L'Alliance de l'élevage de l'IFOAM, IAHA, organise les 6 et 7 septembre 2021 une pré-conférence à Rennes, France avant le principal congrès mondial de l'agriculture biologique. Un nouveau programme sera disponible d'ici fin décembre 2020. 

La conférence de l'IAHA est liée au congrès mondial de l'IFOAM - Organics International, l'organisation qui chapeaute le mouvement biologique, initialement prévu pour septembre 2020 mais reporté à septembre 2021. La vidéoconférence a été soutenue par le FiBL, l'Institut technique de l'agriculture et de l'alimentation biologiques (ITAB) France, l'Institut national de la recherche agronomique, alimentaire et environnementale (INRAE), GoodEarthGreatFood de Nouvelle-Zélande, IFOAM - Organics International et ICROFS. En outre, plusieurs projets européens CORE Organic (Coordination of European Transnational Research in Organic Food and Farming Systems) et Horizon 2020 ont contribué à la vidéoconférence par des documents ou des affiches : GrazyDaiSy ; ProYoungStock, MIX-ENABLE ; POWER ; Organic-PLUS, RELACS et Polyfarming ainsi que l'initiative BIOBREEDING EUROPE.

Téléchargez les actes du congrès ici.