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Portage de Campylobacter par les porcs

Portage de Campylobacter par les porcs

Le portage des Campylobacter par les porcs a été étudié en combinant des approches expérimentales (infection d’animaux EOPS, mise au point de tests de PCR quantitative en temps réel, évaluation de méthodes de génotypage des souches en conditions contrôlées) et épidémiologiques (description de l’infection des porcs dans des troupeaux conventionnels) afin de contribuer à identifier des pistes pour la maîtrise de ce portage.

Contexte / enjeux

Les Campylobacter constituent une cause majeure de toxi-infections alimentaires dans les pays développés. Les études épidémiologiques concernant le statut des troupeaux porcins vis-à-vis de Campylobacter sont peu nombreuses. Elles ont établi la fréquence élevée du portage asymptomatique de Campylobacter, la contamination très précoce des animaux et l’importance des quantités excrétées (102 à 107 UFC par gramme  de matières fécales). Cependant, peu d’études ont décrit la variation quantitative de l’excrétion des animaux de la naissance à l’abattage. Il est également nécessaire de déterminer les sources et les modalités de transmission des Campylobacter, à la fois en élevage et à l’abattoir. Si la mère semble jouer un rôle dans la contamination des porcelets, d’autres sources de contamination peuvent être suspectées.
Notre travail a donc eu pour objectifs :

  • de décrire la cinétique d’excrétion  afin d’évaluer la durée d’excrétion, l’existence éventuelle d’une intermittence, la variabilité de la quantité excrétée (données quantitatives) et les espèces excrétées (données qualitatives). En raison des exigences culturales de ces bactéries, nous avons mis au point une PCR quantitative en temps réel permettant d’identifier les espèces majeures (C coli et C jejuni) et de les quantifier directement sur échantillons (matières fécales, prélèvements d’environnement, eau, aliment).
  • de déterminer les sources et les modalités de transmission des Campylobacter, ce qui implique de « tracer » les souches afin d’établir un lien épidémiologique entre elles. Il est donc nécessaire de disposer de méthodes de typage validées afin d’évaluer le degré de similitude entre les souches bactériennes. Or l’importante variabilité génomique des Campylobacter rend complexe l’interprétation des résultats de génotypage. Il nous est donc apparu nécessaire, dans un premier temps, d’étudier cette variabilité génétique en déterminant la part respective des différentes composantes de l’hétérogénéité des profils observée sur le terrain (variabilité spontanée de la souche, effet animal, effet des co-infections…).

Résultats

Deux tests PCR quantitative en temps réel ont été mis au point : (i) un test permettant la quantification de Campylobacter spp avec un témoin interne d’extraction et d’amplification  (Leblanc Maridor et al. 2011a) et (ii) un test permettant l’identification et la quantification de C coli et C jejuni en cultures pures et en matrices complexes (notamment matières fécales) (Leblanc Maridor et al. 2011b).
Le potentiel de colonisation du tractus digestif des porcs est plus important pour C coli que pour C jejuni lors d’infection infection expérimentale de porcs EOPS soit avec une souche unique, soit avec un mélange de souches. Ces résultats concordent avec les études épidémiologiques qui font apparaître que C coli est l’espèce majoritairement isolée de porcs. La transmission de C coli entre cases adjacentes a pu être mise en évidence, les animaux au contact excrétaient des quantités similaires à ceux inoculés (Leblanc Maridor et al, 2008).
En troupeau conventionnel, les truies jouent un rôle prépondérant comme source de contamination précoce pour les porcelets. L’environnement (locaux d’élevage, aliment, eau de boisson) constitue également une source potentielle d’infection bien que la résistance des Campylobacter dans l’environnement semble limitée (de nombreux prélèvements d’environnement sont négatifs même en présence d’animaux et les locaux d’élevage ne sont plus contaminés après nettoyage).
En conditions expérimentales, une variabilité génétique est observée sur des isolats multiples après infection des porcs par une souche C coli d’origine porcine, mais pas dans le cas d’infections par une souche de C. coli d’origine aviaire, ou par C jejuni. Cette souche est par ailleurs celle qui s’implantait le mieux dans le tube digestif des porcs EOPS infectés (excrétion quantitativement plus importante et plus durable que les autres souches). (Leblanc Maridor et al, 2011c).

Perspectives

Les résultats de génotypage obtenus en conditions contrôlées renseignent la variabilité spontanée des Campylobacter et vont donc contribuer à l’interprétation des profils de souches obtenus en conditions de terrain pour déterminer l’origine des contaminations dans un troupeau.
Des observations réalisées en troupeaux conventionnels il ressort que la lutte contre le portage des Campylobacter par les porcs doit viser en tout premier lieu les animaux qui constituent le réservoir de ces bactéries dans les troupeaux.

Partenaires

  • UMR INRA-Oniris SECALIM
  • ANSES Ploufragan-Plouzané

Publications

  • Leblanc Maridor M, Denis M, Lalande F, Beaurepaire B, Cariolet R, Fravalo P, Federighi M, Seegers H, Belloc C. 2008. Experimental infection of Specific Pathogen Free pigs with Campylobacter : excretion in faeces and transmission to non-inoculated pigs. Vet Mic 131: 309-317.
  • Leblanc Maridor M, Garénaux A, Beaudeau F, Chidaine B, Seegers H, Denis M, Belloc C. 2011a. Quantification of Campylobacter spp in pig faeces by direct real-time PCR with an internal control of extraction and amplification. J. Microb. Methods 85, 53-61.
  • Leblanc Maridor M, Beaudeau F, Seegers H, Denis M, Belloc C. 2011b. Rapid identification and quantification of Campylobacter coli and Campylobacter jejuni by real-time PCR in pure cultures and complex samples. BioMed Central Microbiology 11 : 113-128.
  • Leblanc Maridor M, Denis M, Rossero A, Beaudeau F, Seegers H, Belloc C. 2011c. Genetic instability of Campylobacter coli in the digestive tract of experimentally infected pigs. Vet Mic (doi:10.1016/j.vetmic.2011.07.002).